BIENVENUE SUR LE BLOG DE "GRAND ANGLE"
La newsletter des élèves du MBA Audiovisuel de l'ESG

lundi 15 mars 2010

EDITO

Pour cette nouvelle année 2010, le Club de l'Audiovisuel (CDLA) se fait un petit relooking : nouveau design, nouvelles fonctionnalités et nouvelle équipe.
Depuis sa création en 2006, le CDLA a pour objectif de créer un réseau entre tous les étudiants du MBA spécialisé en Production Audiovisuelle de l'ESG, de tisser des liens entre les professionnels du secteur (producteurs, directeurs de production, responsables de chaînes, juristes, journalistes, techniciens du cinéma et de la télévision, etc.) et les étudiants, de permettre des rencontres entre les membres, de communiquer sur les dernières actualités de la profession, de permettre la consultation en libre accès des CV de tous les membres inscrits, classés par promotions et branches d'activités, et enfin de présenter les divers projets des étudiants (Festival de Cannes, MipTV, différentes soirées, etc.)

Cette année, grâce à la collaboration de la Junior entreprise de l'ISEP et la direction du CDLA, le site fait peau neuve et vous présente sa nouvelle plateforme d'échange et de partage dynamique. La nouvelle équipe, exclusivement féminine (Corine Artru, Elsa Batellier, Audrey Briand et Julie Hertig, promotion 2010), s'occupera de la gestion du site internet, de l'organisation des rencontres et de la mise en contact entre les membres.
Rendez-vous dès maintenant sur le site du CDLA (www.cdla.fr) pour faire vivre la communauté, en alimentant, par exemple, votre profil personnel, ou encore en répondant aux offres de stages, ou enfin en publiant des contenus (images, vidéos, news ou encore offres de stages/emplois).
Toute l'équipe du Club de l'audiovisuel reste à votre disposition pour répondre à toutes vos questions par email à l'adresse suivant : contact@cdla.fr

Quant à nous, nous aurons le plaisir de nous retrouver pour notre grande soirée de fin d'année courant juin, qui regroupera l'ensemble des étudiants, anciens étudiants et enseignants, ainsi que les tuteurs de stages de la promo 2010 du MBA. Nous vous tiendrons informés dans la prochaine newsletter.
Bonne lecture.

Philippe Marcoux
Directeur du MBA Spécialisé en Production Audiovisuelle (ESG Paris)

Sophie Pisterman Ancienne MPA - Promotion 2009


Quel fut ton parcours avant d’intégrer le MPA de l’ESG ?
Quand on intègre une telle formation à 35 ans, on a déjà un petit parcours derrière soi ! J'ai été directrice marketing d'un groupe automobile de marque française avant de devenir directrice commerciale d'une des concessions. Puis j'ai monté ma propre boite dans le domaine du mobilier pour enfants (Edition et diffusion). J'ai été lauréate du prix de la Franchise en 2002 et j'ai développé un réseau de boutiques en France et à l'étranger (14 boutiques en 4 ans dont la moitié en franchise, la moitié en succursale). Parallèlement, j'ai passé un CESA HEC en filière Commercial et Marketing.
Puis j'ai décidé un revirement complet d'orientation professionnelle, déjà amorcé par une formation à l'école d'Art dramatique Florent dont je suis sortie diplômée en 2008.
La force de l'image, le cinéma ont toujours été mon violon d'Ingres mais après Florent, j'ai décidé que je préférai être de l'autre côté de la caméra et utiliser mes ressources, mon background dans la partie « organisationnelle » des choses. Et qu'il restera toujours un côté très artistique et créatif dans cette nouvelle orientation.Â

Pourquoi le choix du MBA spécialisé en Production Audiovisuelle ?
Le programme du MBA m'a paru « tomber sous le sens » pour appréhender l'aspect technique et financier de la production. La diversité et la qualité des intervenants invités par Philippe Marcoux ont été très importantes dans ma prise de décision.

Décris-nous un temps fort qui t'a marqué pendant la formation (prof, APA, etc)
Je crois qu'il n'y a pas eu de temps particulièrement fort car toute l'année a été très intense. Quand on s'implique dans ces études-là, c'est un investissement à temps plein. 4 jours en entreprise, 3 jours à l'école, les cours, les à-côtés des stagiaires (j'entends horaires de fou...) et une vie de maman célibataire, pas de temps pour grand chose !
Les deux sessions de partiels ont été des moments assez forts : des heures de révision et me retrouver sur les bancs des partiels : un bain de jouvence !

Que fais-tu depuis ta sortie du MPA ?
J'ai voulu profiter à fond de mon statut d'étudiante et je suis retournée en stage. Je voulais aller regarder du côté des castings TV, voir comment cette économie s'articule. Mes 3 stages dans différents domaines (ciné, TV et casting) ont été très riches d'enseignement, à défaut d'avoir été riche en pépettes.... ;-)

Quels sont tes objectifs de carrière, tes projets à venir ?
Ma société SWIM PROD est montée depuis quelques mois et s'appuie sur différents projets. J'aime cette idée de liberté et de diversité même si tout s'articule sur une idée commune qu'est la production. Cela permet de rencontrer des gens différents et ne pas se scléroser dans un seul projet.
Il y a un projet cinéma avec l'écriture d'un court-métrage que je compte produire et réaliser avec l'aide d'une coprod.
Il y a un très gros projet cross-média que je ne peux encore dévoiler et un dernier projet de programmes courts (spéciale dédicace pour Philippe Marcoux !)

Propos recueillis par Julie Miniussi.

Xavier de Broucker- Ancien MPA - Promotion 2009

Peux-tu nous décrire ton parcours avant d'intégrer le MBA ?
Je travaille dans le domaine de l'animation 3D et des effets spéciaux depuis plus de 10 ans. J'ai fait initialement des études d'informatique, DUT puis licence, ensuite une école spécialisée : SUPINFOCOM à Valencienne qui délivre l'équivalent d'un bac+4. J'ai travaillé dans les secteurs de la publicité, des effets spéciaux numériques (sur le film « Lord of War » notamment), du video clip, de la série TV, de l'habillage TV... toujours en tant que graphiste, animateur 3D, designer. J'ai également été intervenant à l'école des Gobelins en même temps que j'étais étudiant au MBA, j'ai failli devenir schizophrène. Etant plutôt littéraire à la base, j'ai assez vite commencé à écrire des scénarios et des bibles de projets de série. Lorsque j'ai été confronté aux attentes des producteurs, à la complexité du droit d'auteur et des contrats liant auteurs et producteurs j‘ai eu envie d'en savoir plus afin de mieux maîtriser les rouages du système.

Pourquoi le choix du MBA spécialisé en Production Audiovisuelle ?
J'ai cherché les différentes formations qui pouvaient m'apporter ce genre de connaissances, il y en a plusieurs, plutôt courtes et souvent très orientées (documentaire, animation...) Je préférais avoir une formation plus large, qui touche autant au cinéma qu'à la télévision, qui puisse m'ouvrir des perspectives différentes et me faire rencontrer des professionnels qui ne soient pas de l'animation et des SFX (dans ces métiers le carnet d'adresse est la valeur numéro un). D'autre part cela m'amusait de reprendre les études après avoir travaillé une dizaine d'années et cela représentait un genre de défi pour moi de passer un MBA. L'an prochain je tente Polytechnique. (rires)

Décris-nous un temps fort qui t'a marqué pendant la formation (prof, APA, etc)
Pour moi, étudiant de plus de trente ans parmi une majorité d'étudiant(e) d'une vingtaine d'années, chaque jour de cours était un temps fort. C'est très enrichissant de pouvoir confronter les points de vue, les attentes sur toutes sortes de sujets avec les uns et les autres. Sinon en termes de cours j'ai beaucoup apprécié les interventions orientées cinéma, les cours de droit d'auteur qui m'ont été très utiles, les cours de scénario... Quasiment tout en fait.

Que fais-tu depuis ta sortie du MBA ?
Apres le MBA je suis devenu 1er assistant réalisateur chez Onyx film/Method animation, sur la série 3D « Le petit prince ». C'est en réalité une continuité assez logique dans mon parcours professionnel, le MBA n'a pas vraiment d'influence là dedans. En revanche il me sert pour tout ce qui est travail sur les scripts, compréhension des enjeux de production et de diffusion, relations avec les coproducteurs, sous traitants etc.

Quels sont tes objectifs de carrière, tes projets à venir ?
L'évolution logique serait de devenir réalisateur en cinéma d'animation, mais rien n'est gagné ! D'autre part je monte et écris des projets de série d'animation, mais aussi de film et d'émission TV. J'espère que l'un de ces projets va aboutir et ce sera sans doute l'occasion d'utiliser ce que j'ai appris pendant ce MBA car il faudra alors certainement endosser un peu le rôle du producteur. Sinon je me suis mis au saxophone en attendant, ça détend !

Propos recueillis par Julie Miniussi.

Sylvain Trouttet Enseignant en comptabilité analytique au sein du MPA

Grand Angle : Vous êtes enseignant au sein de plusieurs MBA spécialisés de l'ESG. Pourriez-vous présenter votre parcours ?
Sylvain TROUTTET : je suis agrégé en sciences de gestion à l'Université de Bourgogne. J'enseigne le contrôle de gestion au sein de l'ESG et pour plusieurs MBA. Depuis 2007, j'interviens aussi sur un module de comptabilité analytique auprès des élèves en MBA, entre autres en Production audiovisuelle.

Quelle est votre motivation pour venir d'Auxerre enseigner aux étudiants du MBA ?
J'essaye d'accompagner ces étudiants afin qu'ils maîtrisent les outils de gestion de bases nécessaires à tous managers et comprennent les enjeux économiques liés à tous projets audiovisuels, où la plupart des coûts sont fixes, et par conséquence, les seuils de rentabilité souvent élevés !

En quoi cette matière est-elle utile en production audiovisuelle ?
Si l'audiovisuel se dit des techniques de communication joignant le son et l'image, il ne faut pas négliger que souvent l'argent sous-tend cet échange. Il est donc impossible d'envisager l'audiovisuel aujourd'hui sans des notions de budgets, de calculs de coûts, de seuils de rentabilité.

Pouvez-vous donner un exemple d'application de ces compétences à ce secteur d'activité ?
Pour simple exemple, officiellement Avatar n'a coûté "que" 250 millions $ à son producteur : la Century Fox. Mais, selon le New York Times, James Cameron aurait dépensé plus de 500 millions $. Avant de s'engager dans une telle production, le seuil de rentabilité (=recettes nécessaires pour couvrir le coût du projet et donc qu'il devienne une source de rentabilité) est donc à déterminer. Pour cet exemple, il était chiffré à 1 milliard $. Le film fut plus rentable qu'espéré puisqu'il a atteint 2,5 milliards $ début mars selon l'AFP. Ce qui laisse rêveur en pleine crise économique...

Propos recueillis par Aurore Poret (promo 2010)

Gill Scott-Heron Le Retour d'une légende de la Soul...

Au commencement, un mélange de jazz et de soul, servant de support aux longs monologues de Gill...Premier opus, Small Talk At 125th &; Lenox...The Revolution Will Not Be Televised (1974), et le rap s'en suivait...
Sur fond de disco, Johannesburg, chanson anti-apartheid, annoncait le succès commercial du Grand Oiseau Maigre, song-writer de talent, averti et engagé. Succès vérifié par ses diverses tournées internationales, notamment en Europe.
L'auteur, du nom de Gill Scott-Heron, né à Chicago, passa son enfance dans le Tennessee, pour rejoindre ensuite le Bronx, véritable puit d'inspiration des Grands de la décennie 1970's.

Suite à la publication de poèmes et romans, Gill se lanca dans la musique au cours de ses études universitaires, notamment grâce à sa rencontre avec le flûtiste Brian Jackson. L'album Pieces of a Man(1971), vit le jour, suivi du sulfureux succès de The Bottle (1975). Durant les années 1980, B-Movie annoncait l'opposition marquée de Gill vis-à-vis du parti conservateur américain, à la tête duquel, Ronald Reagan.

Dans les 1990's, l'oiseau maigre bascule, et ce, pendant près d'une dizaine d'années. Consommation abusive de crack, trafic de drogues, et séjour en prison...
2008 marque cependant la fin d'une errance déchue pour le Jazz Man en proie à ses démons intérieurs, n'ayant plus mis les pieds dans un studio d'enregistrement depuis 1994...
Gill Scott fait alors une réapparition, après huit années d'absence en France, proclamant "Je n'ai jamais cessé de faire de la musique".
En effet, le patron du label anglais XL, Richard Russel, lui rend visite à la prison de Rickers Island... Et c'est alors qu'un nouvel album voit le jour I'M NEW HERE.
La production est minimaliste, teintée de jazz et de soul, de sons électroniques minimalistes, de guitares et de pianos acoustiques. La légende de la soul contestataire nous offre des lyrics sombres et percutants, sur fond de hip hop, dusbstep et blues. Sa voix, toujours aussi profonde et envoutante, dénote un blues déchirant, avec notamment I'll Take Care of You, véritable hymne à l'amour. Quant à On Coming back from a Broken Home, Gill rend hommage à la femme qui marquera toute son existence, sa mère Lily Scott.

"J'ai toujours l'espoir de faire partager les sentiments de mes chansons. Mais c'est difficile : les gens entendent de la musique, ils ne l'écoutent plus. Ils n'ont pas le temps."
Me and the Devil dénonce les travers de la Société américaine. En effet, le clip en noir et blanc, y présente un voyage nocturne à New-York, avec clochards, bagnoles de flics, et skaters vaudous, sur fond de dubstep noir et étrange. Quant à New-York is killing me, on y décèle son oppression ressentie face à la ville de New-York.
Gill Scott-Heron, considéré comme une véritable légende de la soul, et pionnier du hip-hop, aurait préféré être vu comme un Jazz Man.
"J'ai l'impression que dans notre communauté, il y a toujours ce besoin de classer et d'identifier les évènements de la culture Black."
Gill apparut alors comme un artiste majeur de la scène noire américaine, référence de la musique noire contestataire, avec des textes nourris de la réalité de la rue, des problèmes politiques et sociaux. Le cinéaste Robert Mugge, lui consacra d'ailleurs un documentaire, dans lequel on le voit chanter dans les rues de Washington. Black Wax, Is that Jazz? (1982)
Pour pallier aux multiples déceptions qui ont jalloné 2009...L'annulation de son concert l'été dernier... Son interdiction de sortie du territoire américain en hiver, le New Morning aura le plaisir de l'accueillir le 10 mai 2010, pour un concert digne de son nom...
The Guardian (January 2010) "I'M NEW HERE is one of the best Album's of the next decades"
Date de Sortie Album : 9 février 2010

Anouk Rijpma (Promo 2010)

Marché du Film de Berlin : les étals et les dédales


Cette année et pour la première fois depuis la création du MBA spécialisé en Production Audiovisuelle de l'ESG, deux étudiantes, Akissi Djé et Laure Hemmer, ont décidé d'aller découvrir l'un des plus gros marchés mondiaux du cinéma et le festival d'exception qui l'accompagne, la Berlinale.

L'European Film Market varie de position dans le top 4 des marchés internationaux aux côtés de Cannes, du Toronto International Film Festival (septembre) et de l'American Film Market à Los Angeles (novembre). Mais se déroulant en février, c'est également le premier marché de l'année, celui qui donne le ton au business des ventes. Petite prise de température avec les professionnels de la distribution...

En se promenant dans les allées du Martin Gropius Bau, nous sommes frappées par la présence des distributeurs français (29 stands sur un peu plus d'une centaine). La France est en effet un des pays qui compte le plus de sociétés de distribution, en lien avec le nombre de productions nationales et la couverture du territoire en salles de cinéma. Mais il n'y a pas que des films français dans la besace de ces sociétés. Nous remarquons une partition à peu près à moitié entre les productions française et les productions étrangères. Benoît Sauvage en charge du marketing et de la promotion chez Pathé International nous explique la nécessité de recourir à des produits internationaux, à des fins de visibilité, d'autant plus dans l'environnement et le temps très réduit qu'est celui d'un marché du film, avec ses lots de projections qui s'enchaînent du matin au soir.
Car les films français, comme les films d'auteur indépendants ou les films de niche, sont loin de susciter un intérêt chez la majorité des acheteurs : difficiles à positionner, souvent confidentiels au regard d'un marché davantage tourné vers les blockbusters et les films de genre qui promettent une rentabilité quasi-assurée sur la salle mais surtout sur la télévision et bien sûr la vidéo (ventes tous droits). C'est le cas notamment des films d'action, de l'horreur (les distributeurs asiatiques et russophones en étant les spécialistes), des thrillers ou encore des comédies romantiques.


Christophe Pecot, en charge des ventes internationales chez France Télévision Distribution (et collègue de notre bien aimé professeur Jorge Gomes Parein) nous a expliqué cette difficulté de commercialisation des films nationaux, qui se vendent plus aisément en télévision, dans les cases cinéma bien définies, le samedi après-midi sur les networks américains par exemple. L'idéal est d'avoir une locomotive et de faire des packages ; avoir un produit d'appel fort permet en effet une négociation aboutissant à une optimisation des ventes du catalogue. Malgré le peu de titres nouveaux distribués par FTD à Berlin, Apocalypse, le documentaire à succès de l'année dernière s'est très bien vendu ce qui a permis, toujours selon ses dires, de boucler les derniers territoires restants à couvrir.
Un autre moyen de dégager de la visibilité est d'avoir un film en compétition, comme nous l'a indiqué l'équipe d'Alfama Films, qui comptait cette année un film en compétition officielle (Caterpillar de Koji Wakamatsu). Néanmoins ce prestige apparent induit par la sélection au festival n'a pas nécessairement de répercussion sur les ventes directes du film au marché, même si le film récolte un prix. Car, comme l'affirme Gaël Nouaille, en charge des ventes internationales chez Wild Bunch, un festival de cette envergure est une « caisse de résonnance » qui peut valoriser ou détruire un film en une seule projection : une telle exposition est un révélateur de qualités mais aussi un amplificateur de défauts. De plus, à Berlin, les films qui se sont le plus vendus ne figuraient pas dans les différentes sélections. Et cette année n'a pas fait exception, les gros deals se sont faits indépendamment du festival.


En somme, la reprise des achats et des ventes semble, dans l'ensemble, amorcée mais les acteurs restent prudents et ne se risquent pas hors des sentiers balisés. Dans un environnement général de crise, la concentration économique joue plus que jamais : les « majors » s'en sortent plutôt bien grâce à des gros films tandis que les distributeurs plus petits peinent à trouver une place à la hauteur de leurs produits (et manquent souvent de « locomotive » pour drainer des achats). En contexte difficile, on limite les risques : au lieu d'investir dans des productions moins coûteuses par simple souci d'économie, on préfère miser sur la rentabilité de quelques films bien formatés. Cependant la baisse générale des prix, induite par la réduction de la production, a tout de même permis aux distributeurs de s'en sortir au sein d'une concurrence amoindrie.
Donc rendez-vous à Cannes pour un nouveau baromètre du marché du film, du 12 au 23 mai 2010.

Akissi Djé et Laure Hemmer (Promo 2010)

LES OSCAR : 82ème EDITION

The Hurt Locker (Démineurs) s'impose comme le grand vainqueur de la 82ème cérémonie des Academy Awards. Nominé dans 9 catégories, le film de Kathryn Bigelow a raflé 6 oscars mettant au tapis son rival d'un soir : Avatar de James Cameron. The Hurt Locker succède donc à Slumdog Millionaire de Danny Boyle qui était réparti de la dernière cérémonie avec 8 statuettes.

L'an dernier, Hugh Jackman avait su revigorer la franchise des Academy Awards en lui insufflant une énergie nouvelle et bienvenue. L'acteur australien nous avait enchantés avec son exercice de chant et de claquettes. A tel point qu'on l'imaginait aussi bien sur scène à Broadway que déchirant ses ennemis à coup de griffes dans le prochain Wolverine. Le duo Baldwin-Martin avait donc pour mission de faire oublier, le temps d'une soirée, le précédent maître de cérémonie.
Depuis quelques semaines, les spéculations allaient bon train sur l'identité de la star qui allait ouvrir la cérémonie des Academy Awards. Sur Twitter,Neil Patrick Harris avait démenti la rumeur selon laquelle il préparait un duo avec Martin Short. A la surprise générale, le lé-gen-daire Barney deHow I Met Your Mother est apparu seul sur la scène du Kodak Theatre pour pousser la chansonnette et lancer cette 82ème cérémonie. Il tweetera, après coup, "Je vous l'avais bien dit que je ne faisais pas de duo..."

Steve Martin et Alec Baldwin, assortis et complices, ont débuté leur numéro de stand-up par quelques vannes cinglantes adressées aux principaux nominés. Meryl Streep, citée pour la 16ème fois depuis 1979, s'est ainsi vu rappeler ses nombreuses nominations et ses rares récompenses. Woody Harrelson, à l'affiche de The Messenger, a assumé avec un grand sourire le penchant qu'on lui prête pour les drogues récréatives. Après avoir pulvérisé les "esprits-saints" d'Avatar à l'aérosol et abordé le passé conjugal de James Cameron et Kathryn Bigelow, les deux hôtes d'un soir ont invité la comédienne espagnole Penelope Cruz pour la première enveloppe, celle du meilleur acteur dans un second rôle.
Christoph Waltz, déjà recompensé à Cannes pour l'interprétation géniale du colonel Hans Landa dans Inglourious Basterds, a été recompensé une nouvelle fois dans la catégorie du meilleur second rôle masculin.Mo'Nique, recompensée 19 fois depuis la sortie de Precious, est repartie avec la statuette plaqué or dans la catégorie féminine.

Sans surprise, Jeff Bridges, chanteur country alcoolique dans Crazy Heart, a été sacré dans la catégorie du meilleur premier rôle, tout comme Sandra Bullock pour The Blind Side. Sans surprise également, Up (Là-haut), produit par Pixar et qui était également en lice dans la catégorie Meilleur Film, remporte l'Oscar du meilleur long-métrage d'animation.
La bataille pour la plus prestigieuse distinction, sujette à la manipulation et à la controverse, entre The Hurt Locker et Avatar, a tourné en faveur du premier cité. Nominé dans 9 catégories, The Hurt Locker est reparti avec 6 distinctions : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur montage, meilleur montage son, meilleur mixage, et meilleur scenario original. James Cameron et son Avatar se contentant des miettes dans les catégories plus techniques comme la photo, les effets spéciaux et la direction artistique. Un véritable plébiscite pour Kathryn Bigelow et une grande première dans l'histoire des Academy Awards puisque aucune femme n'avait encore remporté l'Oscar du meilleur réalisateur.

Les français, présents dans 5 catégories, repartent avec une seule statuette pour le court-métrage d'animation Logorama du collectif H5. Un prophète de Jacques Audiard, grand gagnant des Césars 2010, est malheureusement dominé dans la catégorie du meilleur film étranger par El Secreto de sus Ojos de Juan José Campanella.
Une soirée plutôt réussie pour l'Academie et une mission accomplie pour ses deux co-présentateurs qui ont su amuser leur auditoire tout en captant une audience considérable. La 82ème cérémonie des Academy Awards a rassemblé 41,3 millions de spectateurs aux Etats-Unis, soit 5 millions de plus que l'an dernier. Des chiffres profitant du rebond de l'industrie du cinéma américain et des hausses d'audience pour les retransmissions de cérémonies (+14% pour le Globes, +35% pour les Emmys) en 2010. En France, la cérémonie était doublée et retransmise en direct sur Canal+ dans la nuit de dimanche à lundi. Les habitués Laurent Weil et Didier Allouch étaient aux commandes avec un invité de marque : Luc Besson.

Deni Suzic (Promo 2010)

LA 35ème NUIT DES CESAR


Smokings et robes en tout genre pour une cérémonie un peu longue voire prévisible, mais qui apporte toujours son lot d'émotions. Retour sur la 35ème Nuit des César, diffusée samedi 27 février en clair sur Canal+.
Alors que le Festival de Berlin s'est achevé il y a peu en défendant à la fois Polanski et le cinéma turc, et que les Oscars affichent une future «Â guerre des ex » entre le favori James «Â Avatar » Cameron et l'outsider Kathryn «Â Démineurs » Bigelow, que pouvait donc nous réserver de si spécial cette Nuit des César ?

La réponse, nous l'avons eue samedi 27 février, lors d'un sympatique apéro-télé organisé par notre rédac chef adorée. Au menu : un prophète déjà consacré l'an dernier à Cannes, profitant de la cérémonie pour prêcher la bonne parole aux derniers païens, une Isabelle Adjani émue pour la 5ème fois de sa carrière, remerciant pêle-mêle sa mère, ses enfants, Zidane et Diam's, une Vanessa Paradis qui a cette fois attendu d'ouvrir l'enveloppe avant de prononcer le nom du vainqueur, une Jeanne Balibar qui couine, une Laetitia Casta habillée à la va-vite... Le tout introduit par la franco-hollywoodienne Marion Cotillard et servi par le tandem Gad Elmaleh / Valérie Lemercier, forçant parfois l'humour mais convaincants dans l'ensemble.

Opérant une véritable razzia cette nuit-là, le film Un Prophète de Jacques Audiard est reparti avec 9 récompenses. 3ème César pour le réalisateur Jacques Audiard et consécration pour le jeune acteur Tahar Rahim, remportant à la fois le César du meilleur espoir masculin et celui du meilleur acteur. Un double adoubement qui paraît osé, laissant bredouille l'acteur François Cluzet pourtant nommé dans deux films, eux aussi complètement boudés par les récompenses :Le Dernier Pour la Route et A l'Origine. Autre film classé parmi les favoris, le drame Welcome de Philippe Lioret, ne semblait finalement pas si bienvenu, repartant les mains vides au sortir de la cérémonie.

Devant le phénomène Un Prophète, raflant toutes les mises, seules les actrices purent tirer leur épingle du jeu. Le César de la meilleure actrice revint à Isabelle Adjani pour son rôle dans La Journée de la Jupe. 5ème César au sein d'une carrière jonchée de « comebacks », la belle Isabelle ne retint pas ses larmes, et nous fit part encore une fois de son émotion. Moins émue mais toute aussi contente, Emmanuelle Devos se vit décerner pour sa part le César du meilleur second rôle féminin pour sa prestation dans A l'Origine.
Heureuse surprise, notamment pour les jeunes nostalgiques que nous sommes, le César du meilleur premier film revenant au film Les Beaux Gosses de Riad Sattouf. Une oeuvre délirante, servie par une étoile montante de la bande dessinée estampillée Fluide Glacial.
Autre moment de nostalgie, le César d'honneur attribué à Harrison Ford pour l'ensemble de sa carrière (il n'est pourtant pas si vieux !), sur fond d'extraits de ses meilleurs films : Star Wars, Indiana Jones, Le Fugitif, Witness... Notre âme d'enfant était aux anges ! A noter que le César lui fut décerné à l'occasion par la somptueuse Sigourney Weaver, égérie de Cameron dans Alienset Avatar, et partenaire de jeu d'Harisson Ford dans Working Girl.

Au final, la cérémonie aura attiré moins d'audience que l'an dernier avec seulement 1,7 million de téléspectateurs (9,1% de PDA selon l'institut Médiamétrie). Une nette érosion depuis 2005, où Canal+ enregistrait son dernier record d'audience, avec 3,3 millions de téléspectateurs.
L'explication de cette désaffection ne paraît pas simple, même si cette année, les jeux semblaient déjà faits depuis Cannes.
On espère vivement que la prochaine édition connaitra plus de succès !

Jean Hamant (Promo 2010)

GERARD LOUVIN / ETUDIANTS DU MPA : LA RENCONTRE. Conseils avisés d'un grand producteur à l'attention de futurs professionnels...

Vous avez débuté en tant que cuisinier. Aujourd'hui, vous êtes un producteur incontournable du PAF. De conseiller artistique à la création de Glem Prod, Louvin Prod et KLD, de la production de comédies musicales à Bobin'o et Etoile Casting, aujourd'hui, vous êtes consultant pour TF1. Comment qualifieriez-vous ce parcours ?

Je suis conscient que c'est un parcours assez étonnant mais je suis avant tout un passionné : j'aime créer, je suis un vrai créateur ! Je m'intéresse vite à beaucoup de choses et j'aime m'occuper de plusieurs projets en même temps. Il y a quelques années, en plus de trois émissions de télé, je m'occupais de sept spectacles, d'un restaurant, d'un site internet. Je ne fais rien d'autre que du spectacle, entre le disque, le cinéma, la télévision, la restauration, la comédie musicale, c'est toujours du spectacle.
En ce qui concerne mon statut de producteur, à 18ans, j'ai commencé comme chanteur de bal et naturellement j'en suis venu à devenir régisseur de l'orchestre. Je m'occupais de trouver les contrats, je savais « commander ». Par la suite, cela m'a conduit à m'occuper de chanteurs comme Claude François et bien d'autres et à en être là aujourd'hui.

Vous avez monté deux sociétés de production : quelles sont pour vous les qualités d'un bon producteur ?
Un bon producteur doit avoir du talent, du « pif » et également de la chance. Il ne faut pas faire perdre de temps aux artistes, aller vite et savoir prendre des décisions rapidement. Quand je ne crois pas à un projet ou à une personne, je le lui dis dans les plus brefs délais. Il ne faut pas lâcher, savoir se renouveler, et surtout ne pas vouloir tout « tout de suite » comme la génération d'aujourd'hui. J'ai l'habitude de dire qu'il faut 10 ans pour être connu du jour au lendemain.

Quelles sont les difficultés auxquelles est confronté un jeune pour monter sa société dans le secteur de la production ?
Aujourd'hui, ce n'est pas difficile de monter une boîte de production, ce qu'il faut c'est un bon projet. En ce qui me concerne, j'ai d'abord trouvé des idées, puis fais le tour des chaînes de télé, et quand mes projets ont été acceptés, j'ai monté ma boîte de production. J'ai galéré comme un malade mais j'y suis arrivé !

Aujourd'hui, vous êtes conseiller auprès de Nonce Paolini, PDG de TF1, pouvez-vous nous expliquer cette fonction ? Et pourquoi TF1?
Je n'ai pas de vrai pouvoir chez TF1, je conseille, j'amène un avis extérieur qu'ils ne suivent pas toujours d'ailleurs ! Je ne produis plus de programmes pour la télévision.

Pour vous, quel est l'avenir de la télévision et notamment des émissions de divertissement sachant que beaucoup d'émissions sont reprises telles que Tournez Manège et Le Juste Prix ?
Ce que je regrette dans les chaînes de télé d'aujourd'hui, c'est qu'il n y a plus de créateur, plus de forains, ni de clown. L'audace et la créativité ont laissé leur place au marketing, et cette télé-marketing est composée de cadres en costumes cravates qui pensent tout savoir.
Quand j'ai conçu mes émissions telles que Sacrée soirée, Ciel mon mardi, ou encore Sans aucun doute, les familles se regroupaient devant la télé, c'était « la télé canapé ».
Aujourd'hui, chacun a son poste, son ordinateur et on est obligé de faire une télé à la carte pour satisfaire tous les goûts. Il n'y a que les matchs de football qui regroupent encore les gens devant la télévision.

Comment voyez-vous l'évolution du secteur audiovisuel ? Avec l'émergence du numérique ou des nouveaux médias et avec l'accroissement du nombre de chaînes de télévision dont la TNT ?
Le petit écran est passé sur internet. Le public de plus de 35 ans est totalement déconnecté de la télévision d'avant. Cette télévision « canapé » comme je l'appelle, était une télévision autour de laquelle se retrouvait toute la famille pour un moment de divertissement partagé. Cela n'existe plus aujourd'hui, cette télévision est devenue «dépassée». Maintenant, il y a au minimum deux postes de télévision par foyer, autant que d'ordinateurs et personne ne regarde le même programme, c'est la télévision à la carte.
Le secteur de l'audiovisuel n'est pas en berne mais il faut le penser autrement. Il faut absolument que la télévision soit faite différemment. Cette réalité est valable tant en France qu'en Europe.
C'est comme le téléphone portable que j'ai dans la poche, qui pouvait penser cela il y a dix ans ? Quand je prenais l'avion et que je descendais, je ne voyais pas 300 personnes se jeter sur le taxi phone dans le hall d'arrivée. Aujourd'hui, à peine descendu, tout le monde se jette sur son portable. Pour la télévision, c'est pareil, cela va énormément changer.

Propos recueillis par Anne Gabillard et Mathilde Prat (Promo 2010)