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La newsletter des élèves du MBA Audiovisuel de l'ESG

lundi 15 mars 2010

GERARD LOUVIN / ETUDIANTS DU MPA : LA RENCONTRE. Conseils avisés d'un grand producteur à l'attention de futurs professionnels...

Vous avez débuté en tant que cuisinier. Aujourd'hui, vous êtes un producteur incontournable du PAF. De conseiller artistique à la création de Glem Prod, Louvin Prod et KLD, de la production de comédies musicales à Bobin'o et Etoile Casting, aujourd'hui, vous êtes consultant pour TF1. Comment qualifieriez-vous ce parcours ?

Je suis conscient que c'est un parcours assez étonnant mais je suis avant tout un passionné : j'aime créer, je suis un vrai créateur ! Je m'intéresse vite à beaucoup de choses et j'aime m'occuper de plusieurs projets en même temps. Il y a quelques années, en plus de trois émissions de télé, je m'occupais de sept spectacles, d'un restaurant, d'un site internet. Je ne fais rien d'autre que du spectacle, entre le disque, le cinéma, la télévision, la restauration, la comédie musicale, c'est toujours du spectacle.
En ce qui concerne mon statut de producteur, à 18ans, j'ai commencé comme chanteur de bal et naturellement j'en suis venu à devenir régisseur de l'orchestre. Je m'occupais de trouver les contrats, je savais « commander ». Par la suite, cela m'a conduit à m'occuper de chanteurs comme Claude François et bien d'autres et à en être là aujourd'hui.

Vous avez monté deux sociétés de production : quelles sont pour vous les qualités d'un bon producteur ?
Un bon producteur doit avoir du talent, du « pif » et également de la chance. Il ne faut pas faire perdre de temps aux artistes, aller vite et savoir prendre des décisions rapidement. Quand je ne crois pas à un projet ou à une personne, je le lui dis dans les plus brefs délais. Il ne faut pas lâcher, savoir se renouveler, et surtout ne pas vouloir tout « tout de suite » comme la génération d'aujourd'hui. J'ai l'habitude de dire qu'il faut 10 ans pour être connu du jour au lendemain.

Quelles sont les difficultés auxquelles est confronté un jeune pour monter sa société dans le secteur de la production ?
Aujourd'hui, ce n'est pas difficile de monter une boîte de production, ce qu'il faut c'est un bon projet. En ce qui me concerne, j'ai d'abord trouvé des idées, puis fais le tour des chaînes de télé, et quand mes projets ont été acceptés, j'ai monté ma boîte de production. J'ai galéré comme un malade mais j'y suis arrivé !

Aujourd'hui, vous êtes conseiller auprès de Nonce Paolini, PDG de TF1, pouvez-vous nous expliquer cette fonction ? Et pourquoi TF1?
Je n'ai pas de vrai pouvoir chez TF1, je conseille, j'amène un avis extérieur qu'ils ne suivent pas toujours d'ailleurs ! Je ne produis plus de programmes pour la télévision.

Pour vous, quel est l'avenir de la télévision et notamment des émissions de divertissement sachant que beaucoup d'émissions sont reprises telles que Tournez Manège et Le Juste Prix ?
Ce que je regrette dans les chaînes de télé d'aujourd'hui, c'est qu'il n y a plus de créateur, plus de forains, ni de clown. L'audace et la créativité ont laissé leur place au marketing, et cette télé-marketing est composée de cadres en costumes cravates qui pensent tout savoir.
Quand j'ai conçu mes émissions telles que Sacrée soirée, Ciel mon mardi, ou encore Sans aucun doute, les familles se regroupaient devant la télé, c'était « la télé canapé ».
Aujourd'hui, chacun a son poste, son ordinateur et on est obligé de faire une télé à la carte pour satisfaire tous les goûts. Il n'y a que les matchs de football qui regroupent encore les gens devant la télévision.

Comment voyez-vous l'évolution du secteur audiovisuel ? Avec l'émergence du numérique ou des nouveaux médias et avec l'accroissement du nombre de chaînes de télévision dont la TNT ?
Le petit écran est passé sur internet. Le public de plus de 35 ans est totalement déconnecté de la télévision d'avant. Cette télévision « canapé » comme je l'appelle, était une télévision autour de laquelle se retrouvait toute la famille pour un moment de divertissement partagé. Cela n'existe plus aujourd'hui, cette télévision est devenue «dépassée». Maintenant, il y a au minimum deux postes de télévision par foyer, autant que d'ordinateurs et personne ne regarde le même programme, c'est la télévision à la carte.
Le secteur de l'audiovisuel n'est pas en berne mais il faut le penser autrement. Il faut absolument que la télévision soit faite différemment. Cette réalité est valable tant en France qu'en Europe.
C'est comme le téléphone portable que j'ai dans la poche, qui pouvait penser cela il y a dix ans ? Quand je prenais l'avion et que je descendais, je ne voyais pas 300 personnes se jeter sur le taxi phone dans le hall d'arrivée. Aujourd'hui, à peine descendu, tout le monde se jette sur son portable. Pour la télévision, c'est pareil, cela va énormément changer.

Propos recueillis par Anne Gabillard et Mathilde Prat (Promo 2010)

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