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La newsletter des élèves du MBA Audiovisuel de l'ESG

lundi 15 mars 2010

Marché du Film de Berlin : les étals et les dédales


Cette année et pour la première fois depuis la création du MBA spécialisé en Production Audiovisuelle de l'ESG, deux étudiantes, Akissi Djé et Laure Hemmer, ont décidé d'aller découvrir l'un des plus gros marchés mondiaux du cinéma et le festival d'exception qui l'accompagne, la Berlinale.

L'European Film Market varie de position dans le top 4 des marchés internationaux aux côtés de Cannes, du Toronto International Film Festival (septembre) et de l'American Film Market à Los Angeles (novembre). Mais se déroulant en février, c'est également le premier marché de l'année, celui qui donne le ton au business des ventes. Petite prise de température avec les professionnels de la distribution...

En se promenant dans les allées du Martin Gropius Bau, nous sommes frappées par la présence des distributeurs français (29 stands sur un peu plus d'une centaine). La France est en effet un des pays qui compte le plus de sociétés de distribution, en lien avec le nombre de productions nationales et la couverture du territoire en salles de cinéma. Mais il n'y a pas que des films français dans la besace de ces sociétés. Nous remarquons une partition à peu près à moitié entre les productions française et les productions étrangères. Benoît Sauvage en charge du marketing et de la promotion chez Pathé International nous explique la nécessité de recourir à des produits internationaux, à des fins de visibilité, d'autant plus dans l'environnement et le temps très réduit qu'est celui d'un marché du film, avec ses lots de projections qui s'enchaînent du matin au soir.
Car les films français, comme les films d'auteur indépendants ou les films de niche, sont loin de susciter un intérêt chez la majorité des acheteurs : difficiles à positionner, souvent confidentiels au regard d'un marché davantage tourné vers les blockbusters et les films de genre qui promettent une rentabilité quasi-assurée sur la salle mais surtout sur la télévision et bien sûr la vidéo (ventes tous droits). C'est le cas notamment des films d'action, de l'horreur (les distributeurs asiatiques et russophones en étant les spécialistes), des thrillers ou encore des comédies romantiques.


Christophe Pecot, en charge des ventes internationales chez France Télévision Distribution (et collègue de notre bien aimé professeur Jorge Gomes Parein) nous a expliqué cette difficulté de commercialisation des films nationaux, qui se vendent plus aisément en télévision, dans les cases cinéma bien définies, le samedi après-midi sur les networks américains par exemple. L'idéal est d'avoir une locomotive et de faire des packages ; avoir un produit d'appel fort permet en effet une négociation aboutissant à une optimisation des ventes du catalogue. Malgré le peu de titres nouveaux distribués par FTD à Berlin, Apocalypse, le documentaire à succès de l'année dernière s'est très bien vendu ce qui a permis, toujours selon ses dires, de boucler les derniers territoires restants à couvrir.
Un autre moyen de dégager de la visibilité est d'avoir un film en compétition, comme nous l'a indiqué l'équipe d'Alfama Films, qui comptait cette année un film en compétition officielle (Caterpillar de Koji Wakamatsu). Néanmoins ce prestige apparent induit par la sélection au festival n'a pas nécessairement de répercussion sur les ventes directes du film au marché, même si le film récolte un prix. Car, comme l'affirme Gaël Nouaille, en charge des ventes internationales chez Wild Bunch, un festival de cette envergure est une « caisse de résonnance » qui peut valoriser ou détruire un film en une seule projection : une telle exposition est un révélateur de qualités mais aussi un amplificateur de défauts. De plus, à Berlin, les films qui se sont le plus vendus ne figuraient pas dans les différentes sélections. Et cette année n'a pas fait exception, les gros deals se sont faits indépendamment du festival.


En somme, la reprise des achats et des ventes semble, dans l'ensemble, amorcée mais les acteurs restent prudents et ne se risquent pas hors des sentiers balisés. Dans un environnement général de crise, la concentration économique joue plus que jamais : les « majors » s'en sortent plutôt bien grâce à des gros films tandis que les distributeurs plus petits peinent à trouver une place à la hauteur de leurs produits (et manquent souvent de « locomotive » pour drainer des achats). En contexte difficile, on limite les risques : au lieu d'investir dans des productions moins coûteuses par simple souci d'économie, on préfère miser sur la rentabilité de quelques films bien formatés. Cependant la baisse générale des prix, induite par la réduction de la production, a tout de même permis aux distributeurs de s'en sortir au sein d'une concurrence amoindrie.
Donc rendez-vous à Cannes pour un nouveau baromètre du marché du film, du 12 au 23 mai 2010.

Akissi Djé et Laure Hemmer (Promo 2010)

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